Pars tout droit
Ne te retourne pas, éloigne-toi
Ne t’attarde pas, pars tout droit
Lâche les brides de ton passé
Aux aspirations étouffées
Gorgées d’attentes épinglées
Suspendues sur un fil cassé
Le songe de sable s’écroule
Effondré sur le temps qui roule
Roule sur ta vie qui s’écoule
Courant balancé par la houle
Des larmes que tu refoules
Pour ne pas perdre la boule
Pars tout droit, ne t’attarde pas
Éloigne-toi, ne te retourne pas
Janvier 2012
L’égaré
Le regard saisissant nos yeux
Élevant ses bras vers les cieux
Mots enchevêtrés dans sa tête
Il veut s’extraire de la tempête.
Il incrimine les promeneurs
Les invective avec ardeur,
Dans la rue paisible il entonne
Ses phrases hachées qui détonnent
Se bousculent, culbutent et résonnent
Sur les passants qui s’étonnent.
Désormais, errant sur son existence
Lié au vent d’enfer qui le poursuit
Embrouillé par ce cataclysme, il fuit
Une vie sans repère, sans cohérence.
Il titube sur le coin sombre de l’espace
Le lampadaire lui fait une petite place
Éclairant quelque peu son présent gris.
Survient le soulagement d’une accalmie
Il marmonne du fin fond de sa prison
Montrez-moi le chemin de ma raison.
Janvier 2012
Ensemble
Au refrain d’un même idéal
Egale passion n’est pas banale
Nos pensées se lient sur l’onde
Pour rêver d'un nouveau monde
Posons les fleurs de nos idées
Au cœur du vase de l’amitié
Pas besoin d’éminents conseils
Car nos écrits sont sans pareils
Osons jouer de notre grimoire
Pour sourire et nous émouvoir
Juste confier notre imaginaire
Verbiage ma foi pas ordinaire
Tissons le souffle de nos mots
Sans inquiétude pas un de trop
Et notre lyrisme pourra briller
D’une gerbe de vers ensoleillés
Février 2012
Encore et encore
Changer d’existence ou de bord
Choisir la rive d’un autre décor
À la quête de nouveaux trésors
Croire en la vie encore et encore
Laisser choir chacun de ses torts
Ne pas se lamenter sur son sort
Puiser à la fontaine du réconfort
Rattraper l’espoir encore et encore
À cloche-pied sur différents reflets
S’amuser d’un rien, compter les galets
S’envelopper d’une éclaircie en or
Des rêves à vivre encore et encore
Écrire sans frémir la dernière page
Et poser la note d’amour sur la marge
Parfumant nos instants multicolores
Aimer plus grand encore et encore
Février 2012
Création de Dominiq que je remercie infiniment
La clé du rêve
Quand le temps devient trop pesant
Sur la fin du jour palissant
Lovée au profond d’une bergère
Ma peine figée sur la brise légère
Dans l’auréole du dernier rayon
J’arrime mes yeux vers l’horizon
Quand le silence pleure trop fort
Que la lumière se cache et s’endort
Dans un soupir froissé et meurtri
Par la nuit qui arrive sans bruit
Je saisis délicatement la clé du rêve
Et chavire dans une apaisante trêve
Mars 2012
Elle d’ange
Fine effluve à l’arôme étrange
Un frôlement, une subtile présence
Souffle dans le cou, une caresse d’ange
Des limbes, l’aura cajole l’absence
Son chandail tu étreins, tu l’enfiles
T’enserrant d’images indélébiles
Pour effacer l’instant délirant et violent
Où elle s’est endormie sur un lit de sang
Tu déblaies dans une rage morbide
Les visions qui glacent ton cœur
Puis tu glisses vers l’abyssale douleur
Plongeon en apnée sur tes jours vides
Un frôlement, une subtile présence
Voile enveloppant, émotion intense
Évinçant du tangible toute trace
Ton évanescente éthérée tu enlaces
Mars 2012
Le courriel
Après s’être pomponné
De phrases amidonnées
Il est parti ce matin
Fier de lui, un brin hautain
Dans le feu de son ardeur
Fringant il vole vers sa belle
Sur la toile file le charmeur
Brûlant de désir pour elle
Mais par sa vision profonde
Reflétant les lendemains
Souriante la fée des ondes
Dépouille un peu le coquin
La voici qui le déshabille
D’un regard doucereux
Et d’une façon fort habile
Ôte les habits pompeux
Se retrouve là tout penaud
En un mot sans rien de trop
Juste la touchante candeur
Du message en forme de cœur
Avril 2012
Licencié
Son nom parmi les remerciés
La sentence est certifiée
Dans le lointain d’hier son passé
Ridiculise son futur trépassé.
À présent dans ses rudes mains
Se décrochent des lendemains
Sans horizon, sans travail, rien
Juste sa tragédie de galérien.
Déséquilibré tel un funambule
Il calcule, avance puis recule
Oscille minuscule et bascule
Assommé sur son crépuscule.
Alors son compagnon le silence
Pour agrémenter sa souffrance
Qui se cogne à l’indifférence
S’approche comme une évidence
Lui offre sa modeste présence
En flirtant avec sa malchance
Et dans une protection impavide
L’entraîne avec lui dans le vide.
Avril 2012
La muse et le poète
La muse ne fait pas de bruit
Le poète s’est assoupi
La tête posée sur son bras
Ah! Mon Dieu qu’il était las
La muse s’amuse car la lune
Cette déesse blonde qui luit
Dans un rayon d’or sur lui
Illumine les boucles brunes
La muse lit des pages choisies
Les tendres vers pour sa mie
Avec une démente envie
D’étreindre le bel endormi
La muse sourit et s’étire
Le doux troubadour soupire
Sur le lagon de sa nuit
Son songe d’étoiles poursuit
La muse dévouée se languit
S’étonne de ce temps qui fuit
Couloir du rêve sans retour
La vie joue de vilains tours
La muse le berce et le pleure
Elle veut reprendre les heures
Brûler le calendrier
Fracasser le sablier
Mai 2012
Le bonheur
À force de courir vers lui avec envie
Je me griffais aux épines de la vie
Trébuchant sur la route des doutes
L’âme meurtrie et l’esprit en déroute
J’enfilais les projets pour m’étourdir
Buvais des cocktails de désirs de fuir
Puis je brodais des rêveries solitaires
Pour capitonner mes jours ordinaires
Le temps a su balayer les orages
Bravant mes craintes enchâssées
L’aube pure s’est clairement avancée
Douce et rayonnante sur mon paysage
L’horizon s’habille d’un nouveau matin
L’océan me tend les bras c’est divin
Lovés près du mien deux petits cœurs
Je m’abreuve enfin à l’onde du bonheur
Mai 2012