Oppression
Pénible sentiment ce vide étrange
D'une vie absurde tout le temps
Les jours, les mois se mélangent
Sombrent sans fin vers le néant.
L'angoisse me tient et me plonge
Dans sa palette de gris et de noir
Violenter la tiédeur de mes songes
Sa ruse pour anéantir mes espoirs.
Témoin du souffle pesant du silence
Mon âme se tait molle et démunie
Mais sanglote si fort votre absence
Que mon coeur brisé surpris gémit.
Ma bonne étoile affolée s'éteint
La constellation vient la réclamer
Prenant peur de mon mal assassin
Mon ange en catimini s'est envolé.
Dès lors je perds la raison et fabule
Toutes mes plaies, je les ai effacées
Je dessine et colorie de jolies bulles
En de délicats bouquets bleu-doré.
Novembre 2009
Son rêve
Son rêve d'enfant a chéri
Le réaliser vite s'est promis
Espérance sucrée et limpide
Dans son printemps intrépide.
Toutefois la vie au galop rapide
La guide d'une façon perfide,
Perdre du temps à l'imaginer
L'expulser loin de ses pensées
Affronter les soucis, les défier
Sa solution pour se soulager.
Égal à lui-même n'a rien dit
Néanmoins reste abasourdi ;
Le répudier c'est son choix,
Aussitôt cache son désarroi
D'un soupir s'est endormi
Dans les cavités de l'oubli.
Le temps, les années envolées
La jeunesse devient le passé...
Soudain, surgit un brin de lui
Dans la corbeille de la nuit,
Elle déplie le bel ensorceleur
Le défroisse, le hume, l'effleure
Envoûtée, émue, le reconnait
D'un doux souvenir se repait
Le coeur en liesse le serment fait
Mon rêve, mon océan je te rejoindrai.
Novembre 2009
Disparu au coin de la rue
C'était un jour très ordinaire
Tu as déposé là tes affaires
Tu lui as donné un tendre bisou
Fais une caresse au gros matou.
Tu as dit: "Je sors, je reviens vite,
Ecoute comme mon coeur palpite"
Aimante, souriante, impatiente
Elle t'embrasse toute confiante.
Virevoltante, s'affaire, chante
Gracieuse, heureuse, insouciante
Elle vibre concentrée sur sa joie
Votre bébé t'annoncer, quel émoi!
Puiser au fond de tes yeux azur
Ton aura, ton amour, ton coeur pur
N'a pas pressenti le malheur
Pas d'alerte rien, aucune peur.
Que s'est-il passé ce soir là?
Pourquoi à côté, la rue d'en bas?
Lourde désillusion inconsciente?
Départ voulu, amnésie fulgurante?
Rompre avec ton personnage, ta vie?
Ne plus agir et partir sans bruit?
Que fais-tu sans papier, sans argent?
Où es-tu ? Es-tu toujours vivant?
Sa force pour accepter de t'attendre
Son recueillement pour comprendre
La terreur d'une annonce fatidique
Sa main sur le coeur, minute tragique.
Son histoire vide sans toi se prolonge
Le manque de toi la déchire, la ronge
Ton petit qui continue de grandir
Sa seule raison de vivre sans faiblir.
Elle ne t'en veut pas, tu la connais
Sera rassurée si heureux elle te sait
Jamais ne t'imposera de revenir ici
Elle conçoit que tu dois décider ta vie.
Envisages-tu un signe, un petit lien
Pour l'aider à continuer son chemin?
Où es-tu? Es-tu toujours vivant?
Prouve-le nous, juste un instant.
Novembre 2009
Sans retour
Un grain de sable sur son coeur
Un caillou dedans avec sa fureur
Un galet noir en son sein révolté
Une pierre dessus empoisonnée
Un rocher au loin vers l'aurore
Un récif face au bateau à tribord
Un écueil de front son corps brisé
Un brisant devant son âme envolée.
Décembre 2009
Médecin de l'âme
Elle a déposé là, sa malette d'erreurs
Qu'il a scellée sans ouvrir ni juger
Un désespoir d'ébène voile son coeur
Ardente épine qu'il aimerait retirer.
Il adoucit ses bourrasques d'illusions,
Rafales de vents au creux de son âme,
Qui aspiraient sa vie sans modération
Puis l'abandonnaient affolée, en larmes.
Il la soustrait du couloir de ses maux
La hisse sur le manège bleu du sourire
Pour elle, dévoile une douce vie en solo
Lui souffle l'oubli pour ne plus souffrir.
Il lui insuffle de noter ses idées fébriles
La nostalgie de tous ses rêves éphémères
Depuis, le soir, il pleut ses pensées fragiles
Dans le crépitement des veillées d'hiver.
Mollement, son mal-être chutera assoupi
D'elle, se lèvera un soleil fleuri du désir
D'apaiser les blessures des égarés de la nuit
Que le médecin de l'âme cherchera à guérir.
Décembre 2009
http://www.akti.fr/peinture/arbreplume.html
L'arbre à plumes
Un jour de printemps, courant joyeux
Dans le jardin, les enfants aperçurent
Une grosse branche, sans âge toute dure
Vite, la plantèrent vers le chemin creux
Le soir vaillamment d'un arrosoir d'eau
Lourd dans leurs menottes, l'irriguaient
Mais la vieille ramure aussi lisse restait
Déçus demandèrent à leur Papy Tieno :
"Dis pourquoi les feuilles ne sortent pas?"
"Laissez-là dormir encore un peu de temps
Le soleil et la pluie la soigneront sûrement,
Répondit-il souriant, ne vous inquiétez pas".
Le lendemain matin le benjamin s'écria :
"Regardez elle a fait un bébé blanc lavande,
Pas de tige, pas de feuille dit la plus grande
Mais c'est un arbre à plumes qui pousse là!"
Chaque jour une autre plume apparaissait
La plume coquine, la gentille, la craintive
Le grand-père, aux quatre oreilles attentives
La belle histoire de leur long voyage relatait.
Venez découvrir cet arbre avec vos enfants
Dans les parcs, les potagers ou les prairies
Fêtez ces instants complices, célébrez la vie
Vous le trouverez car Tieno jamais ne ment.
Décembre 2009
La petite brebis
Depuis plusieurs années férocement
Le voile noir près d’elle, tournoyait
Moqueur, la meurtrissant souvent
En brebis vigoureuse elle résistait
La petite brebis s’en est allée
Un nouvel herbage ira brouter
Ses petits comment leur annoncer ?
Pour les trésors de sa vie elle luttait
Mais le grand berger ne l’a pas protégé
De l’ombre sournoise qui la convoitait
Telle une friandise délicieuse à croquer
La petite brebis s’en est allée
Un nouvel herbage ira brouter
Ses petits, comment les consoler ?
Son délicat regard d’or pâle s’égare
Devant le parvis de l’oubli s’endort,
Le dernier souffle du grand départ
Au berceau clos où repose son corps
La petite brebis s’en est allée
Un nouvel herbage ira brouter
Ses petits comment les réconforter ?
Pourquoi elle ? Quel grand mystère !
Si obéissante, aimante et amusante,
Le troupeau dans la bergerie austère
D’un bêlement déchirant se lamente
La petite brebis s’en est allée
Un nouvel herbage ira brouter
Ses petits, laissez-les sangloter.
Décembre 2009