Sans abri
Tête encapuchonnée
Accroupi dans le froid
Regard absent abaissé
Mineur en plein désarroi
Humble oiseau blessé
Fera son nid en silence
Brindilles fines plastifiées
Duvets en carton dense
Le vent froid qui tremble
Là, devant son indigence
Des feuilles lui rassemble
Et le couvre avec diligence
Un jeune coeur qui s'endort
Un esprit qui rêve de tiédeur
Sous l'oeil glacial sans remords
Du passant fuyant avec raideur
Janvier 2011
1964 Petite main vole
Dans le restaurant bar épicerie
Au comptoir des confiseries
Trônent malicieux les malabars
Sous les clins d'oeil des carambars
Dissimulée par une ménagère
Rubiconde au visage autoritaire
Une prudente petite main agile
S'avance discrète puis se faufile
Féline elle se dirige vers sa proie
Rampant sur le comptoir en bois
Pour la sucrerie tant convoitée
Tremblant de se faire repérer
Le bonbon finalement attrapé
Est dans sa poche vite caché
Le pain court et le fromage payés
Dans l'au revoir, un soupir léger
Sous le regard du porche témoin
Essoufflée cachée dans un recoin
La frêle silhouette sans remord
Croque la friandise qu'elle sort
J'épie cette fillette sans malice
Qui déguste avec grand délice
La douceur tendre caramélisée
En sautillant sur le sol bitumé
Trésor pour sa vie quotidienne
Perle de l'enfance, la mienne.
Février 2011
Le printemps
Ses pas effleurent le bitume
A l'épaule son sac suspendu
Elle flâne avec l'inattendu
Dans le matin qui s'allume
Repos du corps, paix de l'âme
Charmée par son imaginaire
Chantant la légende du sésame
Elle caline la féerie du mystère
Bercée par les effluves du futur
Elle délaisse les images flétries
Pour franchir les derniers murs
Sur la fragrance du printemps
Au gré d'un chemin attrayant
Elle butine les bouquets de vie
Mars 2011
La gamme d'amour
Donne l'espoir au coeur
Réveille tout en douceur
Mille ans pour vivre en paix
Fasciné le soleil s'en repait
Sollennelle la lune lui sourit
L'accord en musique s'ensuit
Silence! Se taisent les armées
Dodo des enfants en sécurité
Mars 2011
Elle danse
Elle danse pour s’isoler
D’un monde prétentieux
Au rythme du tempo lancé
En pas chassés et gracieux
Elle s’évade vers la liberté
Oubliant sa vie monotone
Poursuit l’ombre des fées
Et sous leurs ailes rayonne
Drapée de son voile bleuté
Loin des pensées pesantes
Elle vibre sur la fragilité
De la musique caressante
Ses bras dessinent sur l’air
Des arcs et formes étranges
Ondulent ses cheveux clairs
Dans un charmant mélange
Par l’élan final elle s’envole
Puis retombe délicatement
En révérence sur la clé de sol
Sous les applaudissements
Avril 2011
Le jardin des âmes envolées
Discrète pour ne pas les effrayer
Je marche dans les allées paisibles
Concentrée sur les noms visibles
Lettres dorées des âmes envolées
L’air brisé soupire mes souvenirs
Sous l’effluve des chrysanthèmes
Aquarelle posée sur ce soir blême
Je me fige car mon cœur chavire
Ma mémoire se libère et rejoint
La quiétude d’un passé enfantin
Où ma vie n’imaginait pas de fin
Dans ses lendemains si lointains
Et là, devant mon regard livide
Une stèle fleurie bien familière
Passage obligé vers la lumière ?
S’interroge mon esprit morbide
Explique-moi pourquoi mourir?
Tout débute t’il dans l’au-delà?
Devant ta sépulture si froide papa
Je te pleure dans le jour qui va finir.
Mai 2011
Ma sylphide
Papillon posé sur une bulle d’air
Ornée d’une brume d’argent
En extase surprend ma fée
Sylphide qui s’ébouriffe rieuse
Installée sur une brindille bleue
En un éclair j’évince le fripon.
Mai 2011
La fée lune et le lutin
Le petit lutin vacille très seul
Sur l’ébène de sinistres pensées
Entortillé dans son obscurité
Il reste blotti là, sous le tilleul
Fée Lune devinant son drame
De son brillant croissant doré
Vient tout près de lui déposer
Un rayon pour guider son âme
« Trois petits tours en confidences
L’arc-en-ciel de ma baguette
Une pluie d’étoiles plein ta tête »
Entonne-t-elle avec éloquence
La magie diffuse son charme
Lutin se sent apaisé et compris
Délivré de sa souffrance, il sourit
Au doux regard de la belle dame
Le petit lutin conçoit à présent
Que la vie sera une merveille
Chaque instant resplendissant
Sur son bien-être, son amie veille
Juin 2011